Pour parler, chanter, crier, pleurer et émettre les sons, nous utilisons nos cordes vocales.

Chacun est équipé de deux cordes vocales, situées dans le larynx (au niveau de la pomme d’Adam), placées de façon à former un V inversé.

Une corde vocale humaine, c’est d’abord un muscle. Le muscle de chaque corde est d’une longueur de 20 à 25 millimètres, et couvert d’une muqueuse souple.

Plus précisément, les deux cordes vocales forment chacune un pli musculaire que l’air soulève et fait vibrer, les deux s’écartant ou se rapprochant, se contractant ou s’allongeant.

Nous émettons un son en envoyant de l’air depuis les poumons jusque dans la trachée, elle-même fermée par le larynx. Le jeu de la pression d’air et de sa rétention par les cordes vocales permet la formation d’un son.

Nous apprenons instinctivement à moduler ce son en jouant sur le volume d’air projeté, la position du diaphragme (le muscle situé au milieu du tronc), et la position des muscles vocaux (longueur, largeur, épaisseur).

Ainsi nous pouvons parler d’une voix plus ou moins puissante, plus ou moins basse ou aigüe, selon différents timbres. Le timbre d’une voix étant sa texture particulière naturelle, qu’il est possible de modifier à la marge.

Comme tout muscle, selon la fréquence et l’intensité de sa sollicitation, une corde vocale peut souffrir de fatigue, mais aussi de différentes pathologies liées à l’hygiène de vie ou à d’autres facteurs.

Les symptômes des pathologies des cordes vocales

Ils sont variables mais ont en commun d’affecter la voix : enrouement chronique, perte de puissance ou modification du timbre, incapacité à crier, respiration bruyante, souffle, voire sensation de blocage.

La première chose à faire est de reposer la voix et s’hydrater correctement.

Si les symptômes persistent, il convient de consulter un médecin Oto-Rhino-Laryngologiste (ORL), qui pratique un premier examen à l’aide d’un miroir, et/ou d’une sonde d’observation souple (laryngoscopie).

Au besoin, cet examen peut être complété d’une biopsie : on prélève un peu de tissu des muqueuses des cordes vocales pour l’analyser, et notamment éliminer toute piste de cellules malignes.

Le plus souvent, la cause des symptômes est une excroissance bénigne (non cancéreuse), plus ou moins volumineuse.

Les différentes pathologies des cordes vocales

Les nodules

Ce sont de petites boules solides (et non remplies de liquide comme les kystes). Ils ne mesurent pas plus de 10 mm, souvent moins.

Les nodules se développent sur les deux cordes, et sont liés à une utilisation chronique de la voix en force : chanter ou crier.

Les polypes

Ce sont des tumeurs bénignes, plus volumineuses que les nodules, qui se développent sur les muqueuses. S’agissant des cordes vocales, la présence d’un polype est le plus souvent constatée sur une seule corde.

Les polypes résultent d’un évènement traumatique aigu (cris/hurlements durant un concert ou un match par exemple), ou peuvent être liés à des reflux gastriques acides irritant la muqueuse des cordes, ou encore à la fumée de tabac ou à l’exposition à un produit toxique.

Le kyste intracordal

Le kyste forme une grosseur à l’intérieur de la corde vocale, c’est-à-dire entre la muqueuse et le muscle. Il apparaît le plus souvent sur une seule corde, au tiers de sa hauteur et forme une bosse blanchâtre.

Les causes de son apparition sont discutées mais semblent liées, là encore, à un sur-menage des cordes vocales.

Les granulomes

Ce sont des petits reliefs qui se forment par accumulation de cellules immunitaires ré-pondant à une inflammation, ou encore causés par un reflux gastrique, ou encore consécutifs à une intubation.

L’œdème des cordes vocales

Autre traumatisme des muqueuses des cordes vocales, il s’agit d’une augmentation de volume qui empêche leurs mouvements habituels et une vibration normale des cordes.
Le volume est causée par de l’eau infiltrée dans les muqueuses.

Les symptômes sont une respiration bruyante, voire une gêne respiratoire à l’inspiration, une toux chronique et une voix modifiée. La voix est enrouée, le timbre est plus grave.

L’œdème peut être causé par :

  • le tabac, l’abus d’alcool,
  • une inflammation virale,
  • une réaction à un forçage vocal, ou encore une intoxication à un produit chimique.

Cette inflammation est celle qu’on retrouve dans les cas de laryngite chronique (encore appelée œdème de Reinke, inflammation continue), ou de laryngite aigüe d’origine virale ou infectieuse.

Un traitement médicamenteux est d’abord prescrit pour traiter l’éventuelle infection, ainsi que l’arrêt du tabac, de l’alcool, et du repos vocal. Mais ces traitements peuvent être insuffisants, ou laisser subsister des lésions qui pourraient évoluer défavorable-ment. Dans ce cas il est nécessaire d’opérer pour restituer à la voix sa puissance normale.

L’opération s’effectue également au laser, sous anesthésie générale.
Une rééducation vocale est à prévoir.

Le sulcus glottidis

Il s‘agit d’une anomalie des cordes vocales, qui touche le plus souvent les deux cordes. Le sulcus est un défaut dans l’accolement des deux cordes : de longs sillons apparais-sent sur les côtés de chaque corde, qui les brident, les rendent rigides et empêchent la bonne fermeture de la glotte.

C’est souvent une anomalie congénitale (de naissance), qui apparaît au moment de la mue. Cette anomalie provoque une modification de la voix : elle est faible, voilée d’un souffle, et dérape souvent vers l’aigu.

Le diagnostic définitif s’effectue après une vidéo-stroboscopie laryngée et un bilan vocal.

L’opportunité de l’intervention doit être pesée en fonction des lésions constatées, du profil du patient (âge, métier imposant le recours intense à la voix, tabagisme, etc.), car l’intervention est délicate et peut modifier le timbre de voix.

Plutôt qu’une dissection de la bride formant le sulcus glottidis, il peut être choisi d’injecter de la graisse pour rééquilibrer la forme des cordes.

Une rééducation vocale est impérative : son effet combiné à celui de l’opération permet un résultat optimal.

Déroulement de la chirurgie des cordes vocales

Les lésions des cordes vocales peuvent disparaître avec du repos physique et vocal, l’arrêt du tabac, un traitement du reflux gastrique et un éventuel traitement anti inflammatoire.

Néanmoins, il peut arriver que cela ne suffise pas. Il faut alors envisager une intervention chirurgicale.

La phonochirurgie (chirurgie des cordes vocales pour restaurer la voix) s’envisage à partir de la fin de l’adolescence.

L’intervention se pratique sous contrôle au microscope, et à l’aide l’un laser CO2 couplé au microscope. Elle dure environ 45 minutes, et nécessite une ou deux nuits d’hospitalisation.

Elle ne nécessite aucune incision car le matériel est introduit par voie naturelle, le patient étant sous anesthésie générale et placé dans une position (sur le dos, tête basculée en arrière) permettant l’accès visuel et opératoire aux cordes vocales.

Des micros-instruments permettent l’ablation des lésions décrites ci-dessus : nodules, polypes, kystes, granulomes.

L’intervention permet également, si besoin, d’effectuer un prélèvement pour analyse.

Après l’intervention

Un repos vocal complet est imposé pour ménager la ou les cordes vocales opérées.
Une éventuelle douleur peut être ressentie dans le cou, liée à la position durant l’opération : elle est temporaire. Enfin, une gêne pour déglutir peut être ressentie, également passagère.

L’intervention ne comporte pas de risque particulier mais il est important de se tourner vers un chirurgien expérimenté dans ce geste précis, au risque de conserver une voix altérée.