L’ethmoïdectomie désigne l’intervention chirurgicale qui consiste à pratiquer une ouverture dans l’os ethmoïde pour aérer les cavités sinusiennes, traiter une infection récidivante, et au besoin ôter les polypes ou tumeurs s’étant développés dans ces cavités.

Cette intervention est envisagée après l’échec des traitements médicamenteux.

L’os ethmoïde est un os épais d’une seule pièce, situé entre les deux orbites (emplacements des yeux), qui s’étend de l’arrière de la racine du nez jusque sous le cerveau. L’os est creusé de cavités, appelées cellules ethmoïdales (en référence aux cellules monacales), reliées aux fosses nasales : elles constituent les sinus ethmoïdaux.

L’intervention peut également être envisagée pour ôter une tumeur bénigne ou maligne déployée sur l’ethmoïde, ou plus rarement pour traiter une sinusite fongique (causée par un champignon), ou encore plus rarement en cas de mucoviscidose pour les enfants.

Les cas les plus fréquents nécessitant une ethmoïdectomie sont la polypose et l’ethmoïdite bactérienne.

Qu’est-ce que la polypose ?

La polypose naso-sinusienne est une pathologie causant le développement et la prolifération de polypes dans les fosses nasales.

Cette pathologie atteint entre 1 et 4 % des populations européennes, et plus fréquemment encore, jusqu’à 10 %, les personnes asthmatiques.

Cette prolifération de polypes peut devenir invalidante :

  • en provoquant un asthme,
  • en favorisant des intolérances à des médicaments ou certaines substances comme les sulfites (présents dans les vins et champagnes),
  • en provoquant une déformation du nez liée au volume des polypes envahissant les fosses nasales.

Les symptômes les plus courants sont un nez bouché et coulant constamment, à la fois dans les narines et dans la gorge, une baisse ou une disparition de l’odorat, des éternuements fréquents, et parfois des douleurs crâniennes et/oculaires.

La polypose est une maladie inflammatoire aux causes multiples et parfois inconnues. Elle est souvent un symptôme secondaire d’un déficit immunitaire ou d’une mucoviscidose.

Le premier traitement est médicamenteux, associé à certaines précautions :

  • lavages de nez au sérum physiologique, quotidiennement,
  • inhalation de corticoïdes,
  • limitation de consommation de sulfites (vins et champagnes notamment), de benzoates (sodas), de viande rouge et produits laitiers industriels.

En cas d’échec de ces traitements et précautions, l’intervention chirurgicale peut être nécessaire.

Qu’est-ce que l’ethmoïdite (ou sinusite ethmoïdale) ?

L’ethmoïdite est une des formes de la sinusite, et se traduit par une inflammation des sinus ethmoïdaux : l’inflammation touche les muqueuses recouvrant le sinus, de façon unilatérale ou bilatérale. L’infection est causée par les germes microbiens de type streptocoque ou pneumocoque, staphylocoque ou haemophilus influenza.

Sa forme aigüe peut provoquer la formation d’une tuméfaction d’une paupière (œdème), une accumulation de pus au niveau de l’œil, de fortes fièvres et des douleurs intenses.

L’ethmoïdite est plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte et doit être prise en charge rapidement pour éviter des atteintes de la cornée, ou du nerf commandant la mobilité de l’œil.

Le premier traitement est là encore médicamenteux, et consiste en une antibiothérapie pouvant être associée à une corticothérapie.

Comment se déroule une ethmoïdectomie ?

Elle est envisageable à compter de l’âge de 8 ou 9 ans.

Il est d’abord procédé à des examens complémentaires pour confirmer le diagnostic et l’étendue des lésions inflammatoires et/ou volume des polypes : scanner, Imagerie par Résonance Magnétique, analyse bactériologique pour identifier la bactérie responsable.

L’intervention se pratique sous anesthésie générale, par les voies naturelles (narines), sous contrôle vidéo grâce à un instrument optique introduit dans le nez.

En premier lieu, le chirurgien introduit des mèches imbibées de produit anesthésiant et favorisant la rétractation des vaisseaux (vaso-constricteur) afin de limiter les saignements. Il est également possible d’injecter le produit vaso-constricteur par infiltration locale.

Ensuite, le chirurgien coupe puis aspire les polypes ayant envahi les fosses nasales (s’il y a lieu), à l’aide de pinces aspirantes.

Enfin les cloisons osseuses des sinus ethmoïdaux sont ouvertes assez largement, y compris les parois qui communiquent avec la méninge frontale en haut, les orbites sur les côtés, et les sinus voisins (frontal et sphénoïdal).

Ces ouvertures facilitent un drainage naturel et permettent d’aérer les cavités sinusiennes, pour traiter et réduire les foyers infectieux.

L’intervention dure moins d’une heure. L’hospitalisation dure un à trois jours, selon les suites opératoires.

Au retour à domicile, des soins sont effectués plusieurs fois par jour, avec une surveillance médicale régulière de la cicatrisation et des éventuels saignements.

Une période de repos de 15 jours doit être observée, le sport ne devant être repris que progressivement.

Suites opératoires et éventuels risques

La douleur post-opératoire est modérée et peut être jugulée par des antalgiques.

Les saignements cessent spontanément après quelques jours.
Une infection peut se déclencher et sera traitée par antibiothérapie.
Un larmoiement est fréquent, réaction des voies lacrymales à l’opération.

Durant la cicatrisation, qui est invisible, le chirurgien surveille qu’aucune bride ou adhérence ne se forme.

Un des risques de l’intervention est qu’elle n’évite pas forcément la récidive ni la repousse de polypes, qui auront les mêmes conséquences.

Les complications plus graves sont tout à fait exceptionnelles, et peuvent être liées à une conformation anatomique inhabituelle : hématome intra-orbitaire, ou atteinte des muscles oculaires, ou du nerf optique, ou des voies lacrymales, ou méningite.