On désigne ainsi l’intervention chirurgicale qui consiste à effectuer l’ablation partielle des cornets inférieurs des fosses nasales, pour remédier à certaines pathologies empêchant une ventilation nasale correcte et réduire les récidives d’infections.

Description de la zone d’intervention

Les fosses nasales sont les deux cavités qui prolongent les narines et s’ouvrent derrière le nez, au milieu de la face, séparées de la bouche par le palais.

Les cornets nasaux sont situés sur les côtés de chaque fosse nasale, et sont au nombre de trois par fosse : cornet supérieur, moyen, et inférieur.

Les trois paires de cornets sont des excroissances osseuses (lames osseuses) enroulées sur elles-mêmes et de forme allongée, couvertes de muqueuse. Les cornets inférieurs sont la paire de plus grande taille : chaque cornet inférieur a la taille d’un index. Les deux autres paires sont de dimensions plus réduites.

La muqueuse qui les couvre est très vascularisée (irriguée de nombreux vaisseaux), érectile, et de même texture qu’une glande.

Ces cornets ont un rôle important dans la fonction respiratoire :

  • ils se contractent et se dilatent par cycles, afin de filtrer l’air, en réguler le flux et la température, l’humidifier et le nettoyer, avant qu’il n’atteigne les poumons,
  • ils constituent une première barrière immunitaire en filtrant les agents pathogènes,
  • ils dirigent le flux d’air vers le nerf olfactif et contribuent à la détection des odeurs.

Pourquoi envisager une ablation des cornets (turbinectomie) ?

Les cornets et leur muqueuse peuvent s’hypertrophier (se dilater de façon permanente) et devenir trop volumineux pour permettre une bonne ventilation nasale.

L’obstruction chronique des fosses nasales créée par l’hypertrophie des cornets favorise les infections chroniques.

Les raisons de cette hypertrophie des cornets peuvent être :

  • une inflammation liée à une allergie (aux sulfites, au gluten, etc.)
  • une inflammation liée à une sinusite chronique et des infections à répétition
  • une polypose nasale : multiplication de polypes sur la muqueuse des cornets, qui obstruent les fosses nasales, les sinus, et peuvent perturber l’odorat et le goût, et/ou provoquer des douleurs faciales.

Ces pathologies seront d’abord traitées par corticothérapie et/ou antibiothérapie, éventuellement antihistaminiques dans le cas où le processus est inflammatoire est lié à une allergie.

L’intervention est l’unique solution en cas d’échec des thérapies usuelles pour traiter l’obstruction nasale chronique, quelle que soit sa source.

Un examen plus approfondi des fosses nasales par voie endoscopique confirme le diagnostic et le volume des cornets, avant la décision d’intervenir.

Comment se déroule l’intervention ?

Un bilan pré-opératoire est effectué, ainsi qu’une consultation anesthésique, car l’opération est réalisée sous anesthésie générale par guidage endoscopique (à l’aide d’instruments optiques indirects chirurgicaux).

L’objectif de l’intervention est de réduire le volume des cornets inférieurs, par ablation partielle de l’os et de la muqueuse.

Selon l’état des fosses nasales constaté par examen approfondi, on choisira :

  • de sectionner le cornet inférieur sur toute sa longueur. Des lames de maintien chirurgical sont ensuite placées de chaque côté de la cloison nasale, pour une meilleure contention.
  • de couper partiellement l’os du cornet afin de réduire les risques d’hémorragie. La coupure de l’os effectuée réduit les risques d’atteinte vasculaire et tout saignement important post-opératoire.
  • La muqueuse est réduite, elle, par cautérisation.

D’une façon ou d’une autre, le volume de l’os des cornets inférieurs est en général réduit des deux tiers.

Il est important de ne pas réduire trop le volume des cornets et de laisser suffisamment de masse osseuse et de muqueuse afin qu’ils continuent de remplir leur fonction de régulation et de filtrage de l’air.

L’ablation totale des cornets inférieurs est rare car elle peut provoquer le syndrome du « nez vide », donnant la sensation de mal respirer alors même que les fosses nasales sont particulièrement dégagées.

En fin d’intervention sur les cornets, une mèche est placée dans chaque fosse nasale pour réduire le saignement post-opératoire.

Suites opératoires et complications éventuelles

Un traitement antibiotique préventif est prescrit aussitôt après l’opération.

Les mèches sont retirées au bout d’un à deux jours, donnant lieu à un léger saignement qui se tarit spontanément.

La douleur post-opératoire est modérée, et cède avec un antalgique.
Des soins de nettoyage sont à effectuer quotidiennement, le temps de la cicatrisation des plaies, c’est-à-dire trois à quatre semaines.

Le temps de formation et d’évacuation des croûtes, le patient peut ressentir des tirail-lements et une sensation de nez sec.

Enfin, un larmoiement peut se produire, d’une durée variable mais limitée.

Les complications plus graves sont rares, et liés au risque inhérent, mais faible, à toute intervention chirurgicale avec anesthésie générale : hémorragie, infection, qui peuvent être traitées en soin post-opératoire.

Le résultat définitif d’une turbinectomie est une amélioration notable de la respiration et du risque infectieux. Seuls les écoulements nasaux et les éternuements peuvent persister.

Si une obstruction nasale persiste, elle est liée à une déformation de la cloison nasale.
C’est pourquoi Il est parfois nécessaire d’associer à la turbinectomie une septoplastie, intervention sur la cloison nasale.